École des Cadres 2014 : une étape qui s'inscrit dans une déjà longue histoire.....

 

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I

1974-2014 : 40 ans d'existence de l'association "Centre de Recherche Budo", indépendante dans ses valeurs et en rupture avec tous les systèmes !

 1994-2014 : 20 ans déjà que l'impact du Hojutsu l'a élargi en "Institut Tengu" pour y donner pleine maturité au Tengu-ryu !

 

            Au cours de la dernière année, que d'anniversaires dûment fêtés au "Centre de Recherche Budo - Institut Tengu" : après ceux des 50èmes Stages d'Hiver et de Printemps, ce fut en cette rentrée de septembre le 40ème anniversaire de l'association fondée en 1974 par Sensei Roland Habersetzer.

 

            40 ans de présence, d'expériences, d'enracinement d'une volonté et d'un concept éducatifs, envers et contre toute mode, toute diversion, toute menace extérieure essayant de faire rentrer la dissidence "dans le rang", tous affrontements internes (aussi), sur fond d'appauvrissement général et continu de la "substance martiale". Dans l'affirmation courageuse d'un art martial pratiqué "autrement", sans aide, sans soutien de personne (et c'est le moins que l'on puisse dire), mais, par contre, dans une disposition d'esprit devenue plus que rare aujourd'hui : une liberté toujours farouchement argumentée et défendue. Une sacrée bataille..., que Soke Habersetzer, le fondateur et toujours président de l'association, prit quand-même le temps d'évoquer à l'ouverture du séminaire et avant le passage sur les tatamis (pour ceux qui découvrent, qu'ils lisent ou relisent pour s'en faire une petite idée, ses "mémoires" téléchargeables sur ce site !). Avec une satisfaction visible, fort compréhensible.

            Le tout au prix d'un travail permanent, énorme, passionnant mais... usant, avoue le Soke de la nouvelle Voie martiale qu'il a fini par définir au cours de ces 20 dernières années de pratique (rappel : après un total de 57 années quand-même). Et qui souhaite que désormais ses cadres, ses experts, ses Yudanshas, s'y impliquent de plus en plus. Car, après les départs de ses Sensei, Ogura (en 2007), Ohtsuka (en 2012) et Pléé (l'été dernier), il se sent plus qu'un peu seul "devant". Le temps est maintenant venu pour lui de se laisser "pousser", et non plus de continuer à "tirer"....Dit-il... Message apparemment bien compris de la part des 65 Cadres qui s'étaient encore déplacés pour ce dernier week-end de septembre au Centre international de Séjour à La Claquette (Schirmeck) dans les Vosges.

 

            En fait, on put fêter à ce rendez-vous annuel... deux fois 20 ans...!

 

            D'abord les années 1974-1994, qui virent le lancement et l'enracinement de l'association, le temps de la recherche technique pure en Karaté, avec l'ouverture sur de nombreux styles démontrés à Strasbourg lors de stages d'experts japonais invités (le plus souvent d'authentiques maîtres, aujourd'hui décédés). Shotokan, Wado-ryu, Goju-ryu, Uechi-ryu,... L'époque où Sensei Ogura Tsuneyoshi, enthousiasmé par une pratique qui s'affirmait déjà bien au-delà de la gesticulation sportive, disait que si cela continuait comme cela, le sens du vrai Budo ne se rencontrerait plus au Japon mais ici...!!

            Le concept "Ecole des Cadres" a lui-même déjà une longue histoire, encore antérieure à ces années. Les actuels professeurs de Karaté en Alsace comme en Lorraine ne connaissent rien de ces années-là...Ce sont les élèves des élèves des élèves des élèves (...) de ceux qui ont été les premiers à fréquenter les rendez-vous strasbourgeois destinés aux Cadres de la Ligue de l'Est de Karaté, conçus et animés déjà avec passion par Sensei Habersetzer, et à son initiative, déjà une dizaine d'années avant son retrait de la Fédération en 1974 (certains samedis soirs, au dojo "mythique" de la rue Saint-Urbain). Et qui, s'ils pratiquent encore (!?!), ne s'en souviennent plus vraiment, n'est-ce pas ? (sourire du Sensei, en évoquant fugitivement ses précieuses archives).

            Il avait déjà tout essayé en cette époque pionnière pour dynamiser et harmoniser ! Ce ne fut jamais vraiment un succès, la majeure partie d'entre les participants restant avant tout préoccupés par leur progression technique personnelle et faisant fi de tout le reste. Le sempiternel "Moi-Moi-Moi..." Aucune "fonction-relais" de la matière enseignée aux "Cadres" de ce temps...

            Il y eut en fait en ce temps-là assez rapidement une incompréhension pour beaucoup de ces gens, d'abord séduits par la démarche du Sensei. Il n'y eut rapidement plus grand monde, quand nombre de ces (souvent hauts) gradés de tant de dojos français, belges, marocains, roumains ou bulgares, entre autres encore, ont souhaité venir au CRB (un réflexe de protection, juste pour s'échapper de ce qui était négatif pour eux ailleurs...) mais ont très vite compris qu'ils n'avaient aucun avenir administratif dans une telle structure "non officielle" (entendez : hors les fédés sportives, point de salut...n'est-ce pas ? alors tous ces velléitaires se sont réalignés bien vite...), parce que celle-ci n'avait pas été créée pour distribuer des pouvoirs, et qu'il fallait s'intégrer totalement à une seule école, celle de Sensei Habersetzer. C'était pourtant l'idée que ce dernier avait défendue dès le départ bec et ongles, sur  le fond comme la forme, et sans aucune ambiguïté ni fausse promesse, dans tant et tant de stages à travers l'Europe et l'Afrique.

            En y repensant à l'occasion de ces Cadres 2014, Sensei Habersetzer laissa échapper dans son introduction, et avec raison, qu'en se retournant sur ce qu'est et a été sa vie, il devait bien admettre qu'il aurait (sûrement) pu faire moins... pu (peut-être) faire certaines choses autrement... mais sûrement pas pu faire plus...

 

            Puis les années 1994-2014, qui virent s'élaborer un nouveau Ryu, le Tengu-ryu !  Avec le retour vers l'essentiel. La sortie salvatrice d'une sorte de ronronnement technique, dans l'attente de la retraite, juste en laissant faire le temps. Avec la découverte d'un martial que Sensei ne trouvait plus exclusivement (et même de moins en moins) dans les visions qu'en avaient les jeunes générations du Japon ou de la Chine. Le moteur en fut la découverte du Ho-jutsu, dans lequel il s'investit immédiatement à fond, rapidement suivie de la création des trois domaines de compétence du Tengu-ryu, avec ses progressions conçues comme un "chemin" de vie (et non un simple "temps" sportif).

           

            Et Sensei de se féliciter de ce que les choses avaient heureusement changé depuis ces rendez-vous annuels en chaque début de saison dans les Vosges. En "interne". Protégé du bruit et des surenchères qui ne cessent de gonfler à l'extérieur, dès qu'on y prétend parler d'arts martiaux.

            Alors, certes, même si le CRB-IT utilise dans ses dojos un langage "Budo" tout à fait hors du temps désormais, quasi impossible à décoder correctement (les mots étant systématiquement galvaudés et détournés de leur sens), même si ce langage est encore plus incompréhensible par les jeunes qui, en plus, ne comprennent pas facilement chez nous le sens des efforts exigés, puisque qu'ils n'amènent même pas à des médailles et que les "ceintures" sont plus difficiles à passer chez nous qu'ailleurs...

            .... oui, même si... ! Il faut poursuivre dans cette voie, martela le Soke, pour tenir bon dans une orientation qui est à l'opposé de tout ce qui se passe aujourd'hui dans nos sociétés, et qui ne cesse de s'accélérer, où il faut avant tout sacrifier à l'argent, aux honneurs, au pouvoir, au mensonge... Il faut rester dans l'authentique. La médiocrité ambiante, responsables de tant de dérapages, ne doit pas dicter sa loi à ceux qui s'accrochent encore à l'essentiel. Il faut maintenir haute la barre. Certes, tendre la main, mais jamais au point de se déséquilibrer soi-même. "Nous ne pouvons changer le monde, mais nous pouvons refuser de changer à cause du monde...!"

 

            Tengu-ryu restera donc, sous l'autorité de son fondateur, bien décidé à  renouveler tant qu'il le pourra, le message qui a toujours été le sien, dans cette pratique "fondamentalement martiale" qui distingue aujourd'hui son école de tout le reste : une recherche permanente de l'efficacité de terrain, inspirée de partout, mais toujours imprégnée de la préoccupation éducative des Budo véritables. Deux préoccupations fondatrices égales, sur lesquelles il ne sera jamais transigé.

            On fêta donc, mais on pratiqua bien entendu aussi pendant ces deux jours, avec ferveur, enthousiasme et sérieux, dans une convivialité proverbiale, qui a fait oublier les (très) longues heures de route pour parvenir à destination (et éviter de penser à celles qui attendaient pour le retour). Avec, notamment, l'expérimentation de quelques nouveaux "drill Tengu en situation" qui ont eu l'adhésion de tous et de toutes, déjà dans l'attente des prochains stages d'hiver et de printemps à Strasbourg. Ainsi la présentation d'un "Simulateur Tengu" par Bruno Rieder, Helmut Götz et le dojo de Weiden, qui fut plébiscité avec enthousiasme par le Sensei comme par tout les participants de ces journées, et dont on reparlera (*)... Comme, également, de la proposition d'adaptation de certaines séries du Muso Shinden-ryu du Hambo au Tambo dans l'optique Buki-ho du Tengu-ryu Kobudo : un intéressant travail de Franz Scheiner, du dojo de Würbourg, qui sera repris en partie dans l'enseignement du Ryu.

 

            La nouvelle saison de pratique est encore une fois bien lancée dans les dojos français, belges, allemands, suisses (les canadiens et les russes, ne pouvant à chaque occasion de rassemblement faire le déplacement, ont cependant été présents dans les coeurs de tous), du "Centre de Recherche Budo - Institut Tengu".

            Quant à savoir ce que seront les prochaines... 40 années !!??

            Encore que, à la réflexion, à voir le magnifique beau temps dont on a profité pendant ces deux jours au fond de la vallée vosgienne, et la communion de tous dans l'effort comme dans les moments de détente, on puisse espérer que le meilleur reste à venir !

            Tant qu'il y a la vie, il y a l'énergie, et tant qu'il y a le souffle, il y a cet infini et incomparable plaisir de "jouer sur le voie" (Do-raku)...

 

(*) Aux futurs imitateurs (on parie...?) : attention, ce concept et cette pratique font déjà partie du corps des marques déposées de l'école Tengu...

 

  

Drill Tengu.

 

Tengu-no-kamae, pierre angulaire du Ryu...

 

.... à partir de laquelle un simple choc ciblé et sur très courte distance peut suffire à initier surprise
et déséquilibre de l'adversaire (voir les orteils de Jacques...) avant rapide enchaînement pour conclure.

 

Helmut et Bruno expliquant les subtilités du "Simulateur Tengu"..., inauguré à l'occasion de ces Cadres,
et que l'on reverra sûrement aux prochains stages de Strasbourg !

 

La démo de Franz.

 

On a aussi fêté avec des gâteaux au dîner du samedi soir,
avant une projection de Serge et d'Isabelle relatant leur dernier voyage au Japon.

  Photos de Isabelle JANS, Jean-Claude Bénis

 

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